Surveiller les populations colonisées en métropole (XVIIIe-XXe siècle)
La journée d’études “Chantier d’archives, archives en chantier. Surveiller les populations colonisées en métropole (XVIIIe-XXe siècle)” se déroulera en deux temps : la matinée se composera de panels de communications et discussions, tandis que l’après-midi se déroulera sous la forme d’un atelier, chaque intervenant-e présentant un document issu des fonds des Archives Nationales, dont le public aura pris connaissance au préalable. Centrée sur le thème de la surveillance, cette journée entend, dans un cadre plus large, nourrir la réflexion sur la présence du fait colonial dans les archives produites en métropole.
Date
Jeudi 11 mars 2021, 9 h 30 – 17 h 30
Lieu
En ligne.
Les inscriptions, indispensables pour recevoir l’invitation et le lien de connexion, sont ouvertes jusqu’au 9 mars prochain. Pour les inscriptions et toute information complémentaire, écrire à journeegrocan2020@gmail.com
Organisation
Journée-atelier organisée par le Groupe de recherche sur les ordres coloniaux [GROC] et les Archives nationales
https://groc.hypotheses.org
https://twitter.com/groc_n_roll
@groc_n_roll
Élise Abassade |université Paris 8, IDHE.S
Quentin Gasteuil |ENS Paris-Saclay, ISP et Sorbonne Université, Centre d’histoire du XIXe siècle
Martino Sacchi |université Paris Nanterre, Mondes américains
Margo Stemmelin | université Paris 8, IDHE.S
Argumentaire
L’histoire de la colonisation connaît, depuis maintenant plusieurs années, un renouvellement scientifique conséquent. Sources, terrains et problématiques ont été élargi.e.s, permettant entre autres d’investir à nouveaux frais la notion de « situation coloniale » proposée par Georges Balandier. À cette fin, les perspectives d’histoire sociale ont été particulièrement sollicitées. Si les recherches récentes ont privilégié le terrain colonial, l’angle métropolitain connaît lui aussi, à la suite d’une tendance perceptible outre-manche, un nouvel éclairage, enrichi notamment des apports d’autres champs d’étude. De plus, l’histoire des polices se déploie depuis les années 1990 dans le sens d’une analyse de la fabrique des institutions, des modes de gouvernance qu’elles produisent et des pratiques policières. Le croisement entre cette historiographie et celle du fait impérial a pris pour cadre non seulement le terrain colonial, mais également l’espace métropolitain, le second empire colonial français comme les périodes qui lui sont antérieures. Face à la très importante masse de documents produite par les institutions chargées de la surveillance des colonisé.e.s en métropole, de nouvelles pistes restent à investir. Cette documentation présente un intérêt tant dans sa dimension matérielle que comme support d’une manière de rendre compte du réel qui, parfois spécifiquement politique et sociale, genrée, raciale, résulte souvent de l’articulation entre ces aspects. Dans le cas présent, il s’agit d’envisager l’archive comme point de départ pour appréhender la surveillance des ressortissant.e.s de l’empire présent.e.s en métropole, en la considérant non pas uniquement comme une trace, mais également comme un instrument véritable du contrôle. Les enjeux ressortissants de ces deux aspects sont au cœur des problématiques que la journée, articulée autour des documents eux-mêmes, entend soulever.
Programme
9h30-10h Introduction
10h-12h40
Politiques de surveillance
et contrôle des populations colonisées en métropole :
état des lieux historique et archivistique
10 h Émilie Charrier | Archives nationales
Le rôle de la direction de la Sûreté nationale dans la surveillance des peuples colonisés entre 1918 et 1940 au regard de ses archives
10 h 30Discussion
10 h 50 Pause
11 h Laurent Dornel | ITEM – Université de Pau et des pays de l’Adour
Des ébats sous surveillance ? La vie intime des travailleurs coloniaux en France pendant la Première Guerre mondiale
11 h 30 discussion
11 h 50Vincent Bollenot | CHAC – Paris 1 Panthéon-Sorbonne
Maintenir l’ordre impérial en métropole : le Service de contrôle et d’assistance des indigènes des colonies en France pendant l’entre-deux-guerres
12 h 20 Discussion
12 h 40 Pause déjeuner
13 h 45 – 15 h 10
Assignations identitaires
et institutionnalisation de la surveillance
13 h 45 Jeremy Young | Société d’histoire de la Guadeloupe / Valor International Scholars, South Korea
Surveiller les populations colonisées avant leur arrivée en métropole. L’exemple des Antilles
Document : CARAN, AN Marine C6 970, rôle d’équipage du Saint Jean, 8 novembre 1776.
14 h Shandiva Banerjee | IHMC – Paris 1 Panthéon-Sorbonne
Écrouer les gens de couleur en métropole : le projet de dépôt des Noirs de Saint-Malo (1777)
Document : AN, MCOL F1B3, modèle d’écrou proposé par le Procureur du Roi de l’amirauté de Saint-Malo à Antoine de Sartine, 1777.
14 h 15 Sonia Taleb | IIAC – École des hautes études en sciences sociales
La Société correspondante des colons français, un organe de surveillance des “libres de couleur” pendant la Révolution française
Document : AN, DXXV 89, n°9, procès-verbal d’un comité extraordinaire de la Société correspondante des colons français, 3 février 1790.
14 h 30 Discussion
15 h 10 Pause
15 h 30 – 16 h 30
Assister et surveiller.
L’encadrement comme instrument du contrôle
15 h 30 Gregory Valdespino | University of Chicago
La surveillance par les colis : prisonniers de guerre africains et organisations d’assistance pendant la Seconde Guerre mondiale
Documents : AN, F/9/2965, 28 lettres rédigées par des tirailleurs sénégalais emprisonnés dans des Frontstalags en France, 1941.
15 h 45 Sara Legrandjacques | CHAC – Paris 1 Panthéon-Sorbonne / UMR Sirice / ICMigrations
Héberger pour mieux contrôler ? La surveillance des résidents de la Maison des étudiants de l’Indochine à l’aube des années 1930
Document : AN, AJ/16/7042, liste d’étudiants établie et annotée par Lévecque, directeur de la Maison des étudiants de l’Indochine (MEI), 13 mai 1930
16h Discussion
16 h 30 Pause
17 h Conclusion à deux voix
Emmanuel Blanchard | CESDIP – Université Versailles-Saint-Quentin, Sciences Po Saint-Germain-en-Laye
Sylvain Pattieu | IDHES – Université Paris 8 Vincennes-Saint-Denis
17 h 30 Fin de la journée