Cette thèse propose de retracer l’histoire des institutrices de l’enseignement primaire laïque en Martinique des années 1920 aux années 1960. Située à la croisée de l’histoire de l’enseignement colonial et post-colonial et de l’histoire sociale des Antilles, elle a pour objectif de questionner le rôle social et politique de ce groupe professionnel genré.

Dans un premier temps, il s’agira d’identifier les caractéristiques du groupe que forment les institutrices de l’école primaire publique. Pour ce faire, il nous faudra déterminer leurs origines sociales, raciales et géographiques, leur formation académique et retracer les différentes trajectoires de carrière, afin de questionner l’idée d’un groupe professionnel homogène. Pour développer cette piste de réflexion, nous réaliserons une prosopographie à partir des dossiers nominatifs de carrière afin de dégager les éléments constitutifs de ce groupe sur le temps long.

Ensuite, dans l’objectif d’écrire une histoire de l’éducation « par en bas », cette thèse interrogera les pratiques professionnelles des institutrices, leur perception du métier et les relations qu’elles entretiennent avec leurs élèves, les parents de ceux-ci et celles-ci, leurs collègues masculins et leur hiérarchie (directeurs, inspecteurs et représentants de l’institution scolaire). À l’aide de sources orales et pédagogiques, il s’agira d’interroger le rôle des institutrices comme médiatrices des valeurs républicaines depuis leur position de femme-enseignante.

Cette thèse analysera également l’action des institutrices en dehors des salles de classe. Nous nous intéresserons aux engagements syndicaux, à la participation à la vie publique à travers les associations politiques, sociales ou culturelles. Pour ce faire, l’étude de la presse syndicale constituera un moyen de saisir les revendications de ces organisations. De même, la presse d’associations féminines permettra d’analyser la façon dont le métier d’institutrice influence les mobilisations féminines. Celles-ci participent à la construction des identités collectives et individuelles et déterminent leurs rapports aux populations locales. Il sera également pertinent de questionner le refus d’engagement politique de certaines institutrices qui revendiquent une forme de neutralité au sein des débats sociaux en accord avec leur statut d’enseignante laïque.

Enfin, nous étudierons les mobilités professionnelles des institutrices lors de mutations professionnelles forcées ou volontaires, afin mettre en lumière la dimension éminemment politique des circulations de ces intermédiaires coloniaux.

 

Valeur et inégalités

 

 

Nora Eguienta, Sylvain Pattieu. "The Immigrants of BUMIDOM and Their Resistance to Employment Assignments". Journal of Women’s History, 2023, 35 (3), p.103-124. DOI : 10.1353/jowh.2023.a905192. hal–04314061.

 

Nora Eguienta. "Being a Black Antillean Woman, I, Too, Am France, in Msia Kibona Clark ; Wunpini Fatimata Mohammed (dir.). African Women in Digital Spaces : Redefining Social Movements on the Continent and in the Diaspora, Mkuki na Nyota Publishers Ltd, 2023, p. 35-41. hal–04378398.

 

 

Nora Eguienta. "La couleur de l’enseignement au XXe siècle : la question raciale est-elle présente dans le système scolaire public en Martinique ?". 47th Annual Meeting of the French Colonial Historical Society – 2023, French Colonial Historical Society, May 2023, Fort-de-France, France. hal–04314109.